S'engager et pourquoi pas ?
8 décembre 2013. Jour de la fête de l’Immaculée Conception.
Jour aussi où je me suis engagée pour trois ans dans la vie monastique ... Et pourtant… Dieu ne m’est pas nécessaire. Je peux vivre sans : j’ai une famille aimante, et, avant d’entrer au monastère, j’avais mon travail, mon appartement, mes activités. J’étais heureuse dans ma vie, sans y voir Dieu à tous les coins de rue. Et puis, il y a cette part de moi-même qui hurle sans cesse qu’elle préfère mourir plutôt que de devoir la vie à Dieu.
Alors non, Dieu ne m’est pas nécessaire.
Pourquoi alors s’engager dans cette vie ? Par peur ? Par fuite ? Par pure folie ?
Certainement pas !
Il y a une chose que j’aimais et que j’aime particulièrement, c’est prendre un temps de silence. Oser éteindre son ordinateur, son téléphone, sa télé, sa radio… et se taire. Parfois, on s’embête dans ce silence, mais tant pis. Et puis parfois, on y fait une rencontre étonnante. Une présence se fait sentir comme un fin murmure : Dieu. Oser écouter ce qu’il dit : « ouvre-moi ta porte ! » ou « suis-moi !» Une invitation à laquelle il m’appartient ou non de répondre. Prendras-tu, toi aussi, le risque du silence ? Pour ma part, l’appel a fini par se faire si pressant que je n’ai pu résister à mon désir de le suivre.
Bon d’accord. Il m’a appelée… mais de là à s’enfermer dans le train-train quotidien d’une vie cloîtrée ?
C’est sûr. Extérieurement, cela peut sembler ainsi : les offices heure après heure, le même travail jour après jour. Mais intérieurement, c’est une autre histoire. C’est la grande aventure de ma vie : partir explorer les moindres recoins de mon âme et du monde qui m’habite pour oser aimer toujours plus et toujours plus fort. Ne te sens-tu pas une âme d’aventurier ?
Moi, le Seigneur m’a pris dans sa main, et il ne me lâche pas. Pour pouvoir avancer et faire les ascensions difficiles qu’il me demande, il m’a mis dans une cordée : celle de ma communauté. C’est pour moi une immense joie. Une joie qui vient du dedans et qui ne s’efface jamais. Même quand la vie devient difficile. Alors oui, je me suis engagée à rester dans cette cordée, à ne pas quitter la main de mon Seigneur.
Sr Marie-Noël
Pourquoi vivre cloîtrée ?
Imagine le monde comme un immense tableau recouvrant tout un pan de mur. Il y a différentes façons de l’apprécier et de l’aimer. Elles sont toutes bonnes. Il y a ceux qui préfèrent se concentrer sur une toute petite portion et profiter de tous les détails. Et il y a ceux qui préfèrent prendre du recul et observer la toile dans sa globalité. La personne cloîtrée fait partie de la deuxième catégorie : elle prend du recul pour pouvoir aimer le monde dans sa globalité.