Dans nos tâtonnements, Jésus se révèle lumière de nos vies !
4° dimanche de Carême (Année A)
Jn. 9, 1-38
Au simple trait de lumière sont attachés nos pas. La clarté du jour dessine progressivement le paysage. L’horizon peu à peu apparaît, dévoilant à nos yeux encore enténébrés les silhouettes familières. Passage obligé de chaque lever de soleil. Comme un commencement matinal, notre marche s’affermit en cheminant de lueur en lueur vers l’illumination.
Qui pourrait faire l’économie d’un tel pèlerinage ?
Avec la Samaritaine, Jésus s’est révélé don. Avec l’aveugle de naissance, aujourd’hui, il se fait donateur.
Ainsi nous découvrons Jésus de l’intérieur, signature de l’évangéliste Jean : « Je suis la lumière du monde ». (Jn. 8,12) Jésus est présent au début et la fin de la scène de ce chapitre 9. Au centre, le cheminement personnel de la foi de l’aveugle-né. Plus il est amené à répéter son récit, à témoigner de son expérience, plus il progresse dans la foi à son insu. Plus on raconte, plus on comprend !
L’aveugle devient disciple au fur et à mesure qu’il doit parler de Jésus, le défendre alors qu’il est absent : « Homme », « Prophète », « de Dieu ». Il entre dans le mystère de Jésus jusqu’à la vision face à face : « Crois-tu au Fils de l’homme ? » « Tu le vois, c’est lui qui te parle. » « Je crois, Seigneur ! » « Et il se prosterne devant lui. »
Jésus est chemin de liberté pour tout homme. Le jugement pour lequel « Jésus est venu dans le monde », c’est aujourd’hui, ici et maintenant. Il s’opère dans la rencontre du Fils, de la Parole. Chez Jean, tout porte, rien n’est superflu. Une flamme intérieure se devine partout. Jean atteint souvent à une lumineuse transparence : on « touche » au divin.
Il invite au saut dans la profondeur d’intelligence des événements et des récits. Ici comme partout ailleurs dans l’évangile de Jean, Jésus parle de façon totalement libre, dans une parfaite conscience de ce qu’il est.
Par sa parole, il veut apprendre à l’homme à voir clair dans sa vie. Il veut le mettre en état de dissiper les zones d’ombre qui l’accablent, lui donner la possibilité de rompre les chaînes qui l’emprisonnent, lui procurer les moyens d’accéder à une vie pleine et paisible, placée sous le signe de la liberté. L’Amour de Dieu est cela : une offre de vie accomplie ou alors il n’est rien.
Voilà ce que l’épisode de la rencontre entre Jésus et l’aveugle de naissance laisse transparaître.
Invitation pour nous, au cœur de ce temps de Carême, à nous laisser rejoindre dans nos cécités pour être renouvelés dans notre foi qui ne grandit que par nos tâtonnements où Jésus se révèle lumière de nos vies.
Heureux pèlerins aux yeux blessés par la Lumière ! La traversée ne sera pas vaine !